« C’est indiscutable » : le violeur en série qui a drogué et agressé plusieurs femmes à leur insu doit être déclaré délinquant à contrôler, selon son avocat, qui suggère une peine de 15 ans de détention pour son client.
La poursuite a demandé 25 ans d’emprisonnement pour le violeur en série, jeudi.
« Les gestes posés par M. Moderie sont graves et méritent d’être sanctionnés », a affirmé l’avocat de la défense, Me Robert Bellefeuille, qui a toutefois avancé que la peine proposée par la Couronne n’est « pas proportionnelle » aux crimes commis.
Déclarer Samuel Moderie délinquant à contrôler est cependant « indiscutable », selon l’avocat. Cette ordonnance soumettrait l’accusé à une surveillance d’une durée allant jusqu’à 10 ans, à la fin de sa période de détention.
Surnommé le « violeur de Tinder », M. Moderie a piégé plusieurs femmes sur des applications de rencontre pour les droguer, les agresser sexuellement et filmer l’acte alors qu’elles étaient inconscientes, un scénario qui fait écho au procès des viols de Mazan qui se déroule au même moment en France.
« Ce qui s’est passé avec les plaignantes, je ne le minimise pas », a poursuivi Me Bellefeuille, avant de souligner que les femmes avaient rencontré leur agresseur sur des réseaux de rencontre comme Tinder et Badoo. « Elles n’ont pas été kidnappées ou menacées au couteau », a-t-il ajouté.
Le procureur, Me Jérôme Laflamme, s’est opposé à cet argument dans une courte intervention. « Je ne suis pas d’accord de dire qu’une attaque au couteau est plus grave ou moins grave qu’une personne qui se fait droguer. »
Jeudi, le procureur a confirmé avoir déposé une requête visant à faire déclarer l’accusé délinquant à contrôler.
Risque de récidive
Citant l’évaluation de deux psychiatres, l’avocat de la défense a plaidé que Samuel Moderie pourrait réintégrer la société, moyennant qu’il reçoive des traitements appropriés. Les spécialistes ont toutefois noté que le violeur en série présentait un risque de récidive élevé, en l’absence de traitements adéquats.
« Si vous lui donnez 25 ans, vous retardez le moment où il commence son traitement », a affirmé Me Robert Bellefeuille en s’adressant au juge, Me Pierre Dupras.
Jeudi, huit victimes du violeur en série se sont succédé devant le juge, et une autre s’est exprimée par l’entremise d’une lettre lue par le procureur. Une après l’autre, les femmes ont fait état de la honte et de l’angoisse qui les hantent depuis leur agression. « C’est comme s’il avait effacé une partie de ma vie », a témoigné l’une d’entre elles.
« Ce qui me fait le plus peur, c’est de peut-être recroiser M. Moderie dans un lieu public, a affirmé une autre victime. J’ai surtout extrêmement peur pour les femmes qui pourront croiser son chemin à la sortie de prison. »
Le juge prononcera sa sentence le 22 janvier prochain.