Il faut rendre les murets du pont Samuel-De Champlain impossibles à escalader et à franchir, recommande la coroner qui a enquêté sur le suicide d’un homme de 27 ans, mort en février dernier. C’est la troisième fois en moins de deux ans qu’un coroner recommande de sécuriser ce pont.
« La facilité avec laquelle M. Belleau a pu sauter mérite de se questionner », écrit la coroner, Me Camille Paquin, dans un rapport diffusé cette semaine.
Le muret de béton surmonté d’une rampe métallique que Maxime Belleau a enjambé totalise 124 centimètres de haut. L’installation est identique à celle des autres ponts de la province.
Il faut « sécuriser les murets de béton le long des corridors du pont Samuel-De Champlain pour en rendre impossible l’escalade et le franchissement afin de prévenir les suicides », a recommandé Me Paquin à Infrastructure Canada (IC). Le Ministère a dit ne pas être en mesure de répondre à nos questions jeudi.
M. Belleau a immobilisé son véhicule dans la voie d’accotement en direction sud. Un autre homme, âgé de 24 ans, avait fait la même chose l’an dernier. La coroner, Me Nathalie Lefebvre, avait également recommandé de rendre « impossible l’escalade et le franchissement de la rambarde de la travée sud ».
L’année précédente, c’est de l’autre côté du pont, à partir de la piste cyclable, qu’un homme de 38 ans s’était jeté dans le vide. Le coroner, le Dr Jean Brochu, avait recommandé, en mars 2023, de rendre « impossible l’escalade et le franchissement de la clôture longeant la piste cyclable ».
« Outiller le personnel »
Après s’être arrêté sur la voie d’accotement avec ses feux clignotants, M. Belleau a parlé avec un surveillant routier. Il se frottait les mains et avait le regard fuyant, mais avait accepté qu’on appelle une ambulance. Il ne l’a cependant pas attendue. Neuf minutes après l’arrivée du surveillant, il est sorti de son véhicule en courant et a enjambé le muret. L’employé a agrippé le manteau de M. Belleau, sans pouvoir stopper la chute de ce dernier.
Une discussion franche sur les idées suicidaires de M. Belleau aurait peut-être pu mener à un résultat différent, note Me Paquin.
Il faudrait des formations et du soutien pour « outiller le personnel en lien avec les interventions en cas de tentatives de suicide », recommande la coroner au gestionnaire du pont, le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SSL).
Tout le personnel a déjà reçu une formation de base, et celle-ci pourrait faire l’objet d’un rappel, nous a-t-on indiqué chez SSL jeudi.
La mère de M. Belleau, Kathy Roussel, se dit « satisfaite des deux recommandations », mais juge qu’il faut aller plus loin.
« Dès qu’il y a une nouvelle construction de pont, ça devrait être systématique qu’il y ait une protection », plaide Mme Roussel. Son fils, rappelle-t-elle, a chuté de 43,8 m. « C’est très haut ! »
Le suicide de M. Belleau était le sixième enregistré sur le pont Samuel-De Champlain depuis son ouverture à la circulation, en juillet 2019. Cinq autres tentatives ont aussi été recensées durant la même période.