« Nous avons fait passer une échographie à 600 bêtes la semaine dernière. Seules 240 sont en gestation », explique Stéphane Huchot, éleveur en Alsace qui produit à la fois de la viande et des produits laitiers, fromages et yaourts.
Or, pour pouvoir vendre de la viande d’agneau pour Pâques (le 20 avril 2025), il faudrait que les petits naissent avant la fin de l’année, après cinq mois de gestation. « Pour Pâques, c’est râpé », se désole Stéphane Huchot.
Pertes de lait
L’éleveur a bien fait vacciner ses bêtes fin septembre, ce qui a rapidement enrayé la mortalité. Mais après le sérotype 3, « les sérotypes 4 et 8 ne sont pas loin et le 12 finira par arriver aussi », s’inquiète-t-il. « Il va falloir revacciner ».
L’achat des vaccins a été pris en charge par l’État. Lundi dans le Tarn, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé une commande de deux millions de doses de vaccin supplémentaires, après les 11,7 millions de doses déjà commandées.
Pour l’heure, les éleveurs sont seulement indemnisés pour les bêtes mortes, à hauteur de 330 euros par brebis, mais ils attendent que leur manque à gagner soit aussi compensé.
« Je pense qu’il faut aussi prendre en compte la perte d’exploitation, parce qu’un animal mort, c’est des vélages qui ne se font pas, un remplacement de cheptel qui ne se fait pas, des pertes de lait », reconnaît le préfet du Bas-Rhin, Jacques Witkowski, venu rencontrer les exploitants à moins de deux semaines d’un appel à la mobilisation nationale des agriculteurs.
Outre les brebis, la FCO a attaqué la fécondité des mâles, selon Virginie Hebner, qui élève 500 brebis pour la viande à Sélestat (Bas-Rhin). « Sur 40 béliers testés à Brumath (Bas-Rhin), 90 % ne pouvaient pas faire d’agneaux actuellement », rapporte-t-elle. Les animaux ne sont pas forcément stériles à vie et 60 % « sont en train de refabriquer des spermatozoïdes », se rassure-t-elle.
« Est-ce que les béliers sont aptes à saillir ? », s’interroge de son côté Stéphane Huchot. « Ça saillit, mais est-ce efficace ? »
Les bovins aussi touchés
La maladie touche aussi les bovins, même si les conséquences semblent moins graves dans l’immédiat.
Sur son troupeau de 140 vaches à viande, Frédéric Bernhard, exploitant laitier à Woerth (Bas-Rhin), a perdu deux bêtes. Mais comme pour les ovins, ce qui l’inquiète le plus, c’est la reproduction. « J’ai compté six ou sept avortements. Je n’ai jamais vu une situation pareille », témoigne l’éleveur. Sur les génisses qui ont été inséminées l’été dernier, « plus de la moitié sont vides », évalue-t-il, alors qu’en temps normal, environ 70 % sont pleines.
Le manque de veaux va entraîner une baisse de la production de lait et certaines vaches victimes d’avortement n’en redonneront jamais, prévient-il. Ces « vaches perdues » partiront à la boucherie.