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Pourquoi Carrefour est épinglé pour « travail forcé » en Arabie saoudite

Pourquoi Carrefour est épinglé pour « travail forcé » en Arabie saoudite


Carrefour compte également des activités à l’international, dont plusieurs sites en Arabie saoudite, gérés par son important franchisé dubaïote Majid Al Futtaim.
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett Carrefour compte également des activités à l’international, dont plusieurs sites en Arabie saoudite, gérés par son important franchisé dubaïote Majid Al Futtaim.

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Carrefour compte également des activités à l’international, dont plusieurs sites en Arabie saoudite, gérés par son important franchisé dubaïote Majid Al Futtaim.

INTERNATIONAL – Des conditions de travail choquantes. Une enquête de l’ONG Amnesty International, publiée ce lundi 21 octobre, détaille les activités du groupe Carrefour en Arabie saoudite et mets en évidence des « abus des droits humains » envers ses employés. Le rapport évoque plus de 60 heures de travail hebdomadaires, des heures supplémentaires non payées, ou encore des suspicions de « travail forcé » lors d’un jour de congé.

Si le siège de Carrefour est bien situé en France, le groupe compte également des activités à l’international, dont plusieurs sites en Arabie saoudite, gérés par son important franchisé dubaïote Majid Al Futtaim depuis 1995. Au total, 17 travailleurs, originaires du Népal, d’Inde et du Pakistan et employés par des sous-traitants, pour travailler dans des sites à Ryad, Jeddah et Dammam, gérés par Majid Al Futtaim (MAF), ont été interrogés par Amnesty International.

Leurs témoignages sont révoltants. Anand, un ex-employé dans un entrepôt explique par exemple que « dans les magasins Carrefour, les travailleurs ne sont pas traités comme des êtres humains ». Les chefs « disent tout le temps “Allez, allez”. Ils agrippent notre T-shirt pour nous faire travailler vite », raconte-t-il.

« Le directeur nous forçait à travailler »

Impossible de refuser les heures supplémentaires demandées, tant un climat de peur est instauré : « le directeur et le chef de service de Carrefour nous forçaient à travailler. Si nous restions dans notre chambre, ils venaient même nous y chercher pour nous emmener au travail », témoigne un autre employé. Plusieurs travailleurs sont tombés malades en raison de ces conditions de travail éreintantes, souligne Amnesty International.

Plus encore, les employés se retrouvent bloqués dans cette situation, car nombre d’entre eux ont dû payer des frais exorbitants de recrutements, d’un montant moyen de 1 200 dollars. « Je n’avais pas cet argent, c’était un emprunt », explique l’un d’entre eux. L’ONG souligne également que « les travailleurs se sont aussi plaints de la mauvaise qualité des logements où ils étaient hébergés par les sociétés fournisseuses de main-d’œuvre ». L’un d’entre eux a ainsi qualifié son logement d’« étable », dérivant une seule et même pièce dans laquelle six personnes devaient faire la cuisine, manger, dormir et aller aux toilettes.

L’entreprise Majid Al Futtaim, basée à Dubaï, gère près de 500 magasins sous enseigne Carrefour dans 30 pays du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique. L’Arabie saoudite est, en matière de chiffre d’affaires, son plus gros marché en dehors des Émirats arabes unis d’où le groupe est originaire. Lundi, le ministère saoudien des Ressources humaines a affirmé que « toute forme d’abus ou d’exploitation dans le travail est inacceptable, et des allégations de cette nature font l’objet d’investigations en profondeur de la part des autorités compétentes », selon une réaction écrite transmise à l’AFP.

Carrefour assure avoir mené une enquête interne

L’ONG conclut que ce franchisé et Carrefour « ont contribué à et bénéficié d’abus des droits humains, en ayant recours à l’externalisation du travail de migrants sans avoir mis en place les contrôles adéquats » et sans s’être assurés que leurs sous-traitants « respectent les droits humains ».

Carrefour a indiqué vendredi à l’AFP avoir « demandé à (son) partenaire MAF de mener des enquêtes internes auprès de ses salariés et de ses sous-traitants en Arabie saoudite » à la suite d’un échange avec Amnesty mi-2024. « Ces premières investigations n’ont pas confirmé les éléments désignés par l’alerte d’Amnesty mais ont révélé d’autres problèmes : de logement, de formation ou de suivi des heures de travail pour lesquels des actions correctives ont été menées », a assuré le distributeur.

Il a par ailleurs indiqué qu’un expert indépendant a été « missionné » pour enquêter sur « l’ensemble des exigences relatives aux droits de l’Homme ». « Nous établissons actuellement avec lui les modalités de son audit », a précisé Carrefour.

Amnesty enjoint à MAF et Carrefour de revoir leurs procédures internes au sujet des travailleurs migrants pour les secourir « efficacement et rapidement » en cas d’abus. L’ONG avait dénoncé en octobre 2023 le traitement « abominable » de travailleurs migrants dans les entrepôts d’Amazon en Arabie saoudite. En février dernier, l’entreprise avait annoncé avoir remboursé 1,9 million de dollars à plus de 700 travailleurs contractuels en Arabie saoudite, soumis à des frais de recrutement illégaux et d’autres abus.

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