ALIMENTATION – La fin des régimes ? Il y a quelques semaines, le pionnier des programmes minceur, Weight Watchers, annonçait l’arrêt de ses activités en France d’ici la fin de l’année 2024. L’ère des régimes archaïques serait-elle donc révolue ? Pas si vite ! Il suffit de passer quelques minutes sur TikTok pour se rendre compte que ces méthodes ont encore de beaux jours devant elles… Décryptage.
Les régimes alimentaires amaigrissants sont apparus après la seconde guerre mondiale, comme nous vous le racontons dans la vidéo en tête de l’article. Et en la matière, il y en a pour tous les goûts. Certains se basent sur un rééquilibrage alimentaire, en fonction du nombre de calories dans l’assiette, quand d’autres misent carrément sur l’interdiction stricte de certains aliments.
Les influenceurs ont remplacé les mannequins
Il y a par exemple eu le régime Dukan, créé par l’ex nutritionniste français Pierre Dukan, qui consiste à privilégier les protéines et qui promet des pertes de poids spectaculaires. Si cette méthode peut être efficace sur le court terme, elle est loin d’être durable, en plus d’être potentiellement dangereuse pour la santé, comme le rappelle la chercheuse en nutrition Cécile Betry : « Il y a une dizaine d’années, un rapport de l’Anses a été publié sur les régimes de l’époque, il y avait Weight Watchers, il y avait Dukan, pour dire que ces régimes étaient dangereux de manière générale et inefficaces. »
Pierre Dukan a depuis été radié de l’Ordre des Médecins en 2014. Mais cela ne l’empêche pas de continuer de vanter ses méthodes sur TikTok, où il est suivi par presque 600 000 personnes.
Car même si avec l’essor du mouvement body positive, on parle moins des régimes restrictifs dans les magazines et à la télévision, ils sont loin d’avoir disparu. Sur les réseaux sociaux, les vidéos conseils, les recettes et les challenges pour perdre du poids s’enchaînent.
Ce ne sont plus les mannequins ou les stars qui font la promotion d’un régime miracle, mais plutôt les influenceurs ou les candidats de téléréalité qui vendent des compléments alimentaires et des substituts de repas. « C’est la continuité de ce qu’on voyait dans les magazines féminins. Perdre du poids ça fait vendre. Les influenceurs se saisissent de ça pour augmenter leur communauté et faire des contenus sponsorisés », détaille Cécile Betry.
Des algorithmes qui répandent ces contenus
D’autant plus que ce contenu, qui glorifie la maigreur, est poussé par les plateformes comme l’explique la nutritionniste Anne-Laure Laratte, alias @miamologue sur les réseaux sociaux : « Sur les troubles alimentaires par exemple, l’algorithme de TikTok est affreux puisque si on tombe sur une vidéo de régime, qu’on regarde un peu la vidéo et bien après on n’a que ça. Donc on tombe vite dans la faille de se dire “ah bah c’est la vérité parce qu’il n’y a que ça partout”. »
On trouve aussi beaucoup de contenus qui font la promotion de médicaments détournés pour maigrir, comme l’Ozempic, un antidiabétique devenu très populaire à Hollywood comme sur les réseaux. « Finalement c’est assez dramatique de se dire qu’on est aujourd’hui prêt à prendre des risques pour perdre quelques kilos. Le problème est ailleurs, c’est pourquoi ces quelques kilos posent problème et pourquoi notre société nous incite toujours à être dans la perte de kilos qui ne sont même pas en trop… », déplore la chercheuse Cécile Betry.
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